Don Juan revient de la guerre au cours de laquelle il fût blessé pendant l’une des plus féroces batailles. Se pensant changé par les combats et guéri de son côté aventureux, il désire rejoindre la seule jeune fille qu’il ait jamais aimée (partie habitée chez sa grand-mère, très loin de la ville où ils se sont jadis connus). Il ignore encore que celle-ci est décédée peu de temps après qu’il l’ait chassée de sa vie. Pendant le voyage, il tombe malade et, après une longue convalescence, oubliant son projet, il reprend sa vie d’avant la guerre, collectionnant les maitresses…

Trois comédiens – deux femmes et un homme – se partagent tous les personnages dans un flux continu de scènes liées entre elles par les déplacements et les changements de rôles. Avec pour seul décor, un rideau changeant de couleurs à chaque fin d’acte et quelques tables et chaises, on suit le retour à la vie factice, bordée de cynisme, de cet homme, qui ne croit plus en rien mais que son penchant pour les femmes et la vie mondaine rattrape. Et cette fois, dans cette Allemagne déchue par la défaite, ce seront les femmes, refusant désormais les règles édictées par les hommes pour assoir leur pouvoir, qui mèneront Don Juan à leur guise.

Par une mise en scène sobre et un jeu de comédien calme et posé, toute l’ironie de cette époque d’après-guerre – où l’inflation poussait chacun à s’en sortir par tous les moyens possibles et où l’argent devenait maître – est transcendées. Ecrite en 1935, cette pièce d’Ödön von Horvàth (considéré comme « dégénéré » par les nazis) a des allures de prémonitions sur le monde actuel, en crise et mené par l’argent !