Une trop bruyante solitude - ****
mise en scène : Laurent Fréchuret
lieu : Théâtre de Belleville
horaires : jusqu'au 29/03/2016, 19h15 ou 21h15
Voir sur : site du théatre
avec : Thierry Gibault
Bohumil Hrabal (auteur) et Thierry Gibault (interprête) nous offrent une hymne poignante au livre, au livre papier, à l’imprimerie, à la littérature, à l’esprit humain, aux auteurs et à leurs œuvres mais aussi au travail à « échelle humaine » et à la liberté de pensée et de vivre.
Pragues dans les années 70. Hanta est presseur de papiers depuis 35 ans. Il travaille dans la cave d’une usine de recyclage dans laquelle se déversent chaque jour quantités de papiers et prospectus mais aussi des livres, de nombreux livres rejetés par la Censure. Et ces livres, il les aime tant, qu’il ne peut s’empêcher de les lire, ce qui lui vaut régulièrement un retard dans son travail et les foudres de ses chefs. Plus encore, il ne peut s’empêcher de leur rendre un dernier hommage avant de les pilonner : ainsi, décore-t-il les ballots qu’il compresse de pages de livres d’art ou encore place-t-il, ouverte sur le passage qu’il préfère, une œuvre en plein cœur de chacun de ses pressages ou bien encore, emporte-t-il des tonnes de livres chez lui – jusqu’à saturation de son appartement – pour les sauver.
Il nous parle de livres, d’encre, de papier, de touché mais aussi de sa vie, de la bière qu’il boit en quantité (pour oublier son métier et de ces tonnes d’œuvres pilonnées), et des souris, « uniques » compagnes de sa vie dans sa cave, sous la lumière électrique. Il nous raconte aussi l’histoire d’un amour d’enfance malheureux suite à plusieurs « concours de circonstance » – et d’une mystérieuse gitane venue habiter chez lui.
Dans ce monologue à la fois naïf, profond et plein de détresse – qui ne sera pas sans rappeler « Dernière bande » de Beckett ; au-delà de l’amour des livres et d’auteurs tels que Kant, Platon, Hölderlin, Aristote, Sénèque, Confucius, il est question d’une effrayante modernité : modernité aseptisée, normée et censurée – telle celle de 1984 d’ Orwell ou de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury – qui s’apprête à chasser Hanta de son poste et qui s’apprête à transformer le livre et l’homme qui le manipule en simple objet dénué de pensée.
Une très brillante solitude !