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4.48 Psychose - ****


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horaires : jusqu'au 21/02/2016, selon les dates 17h, 19h, 21h

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« Rien qu’un mot sur une page et il y a le théâtre »

Au milieu d’un cercle de chaises en aluminium, sur une musique traditionnelle africaine, un homme noir entre en chantant, suivit d’une femme qui l’enlace dans un rythme toujours croissant, jusqu’à la transe. Sont-ils des amoureux ou des démens ? Qui sait. Et dans la salle, un homme en blouse blanche rode…

« J’ai connu une nuit où tout me fût révélé.

Comment est-ce que je peux encore parler ? »

« Après 4h48, je ne parlerais plus. »

Du plus profond de son intolérable lucidité sur son mal, elle nous raconte sa dépression psychotique : sa lutte pour la vie, ses envies de mort, son « amour » enfuit, son absence de désir, sa solitude insupportable et sa difficulté à vivre avec « les autres », sa souffrance intérieure et le monde dans lequel elle s’enferme entre imaginaire et réalité, et puis, son traitement et les médicaments inefficaces aux nombreux effets secondaires…

« … Je me sens comme si j’avais 80 ans. […]

– C’est une métaphore, pas la réalité.

– C’est une comparaison.

– Ce n’est pas la réalité.

– Ce n’est pas une métaphore, c’est une comparaison, mais même si c’en était une, le propre d’une métaphore, c’est d’être réelle. »

A travers un long poème partiellement autobiographique, ponctué et relié par des dialogues avec son médecin, Sarah Kane nous livre une puissante immersion dans l’enfer de la dépression dont l’issue ne pourra, semble-t-il, n’être que fatale pour la narratrice. En tout cas, telle fût le sort de son auteur qui mit fin à ses jours quelques semaines après avoir fini la rédaction de cette pièce.

« Une trappe s’ouvre. Lumière crue ».

Portée par Sara Llorca – narratrice mutique et vibrante dans sa robe trop grande -, DeLaVallet Bidiefono – énigmatique amour perdu de la narratrice, dansant dans ses rêves – et Antonin Meyer Esquerré – médecin désespéré -, cette mise en scène à trois voix (et deux musiciens), à la limite de la chorégraphie, transcende la beauté de ce texte aux attraits pourtant morbides.

Une pièce sur l’âme et son abyme, à réserver aux adeptes d’Artaud ou de Beckett !

Ecrit le 3 février 2016 dans les catégories À ne pas manquer !, Théâtre contemporain

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