avril 5

Les Chatouilles ou la danse de la colère - ****


de :

mise en scène :

lieu :

horaires : jusqu'au 25/06/2016, 16h30 ou 21h

avec :

Sujet difficile. Rires gênés. Salle bouleversée.

Une danseuse. Odette. Odette comme le cygne blanc du Lac des Cygnes. Une enfance détruite par un pervers : Gilbert, un ami de la famille. Une mère dans le déni total de ce qui lui est arrivé. Un père effacé. Enfant, elle a bien essayé de donner des signes de sa souffrance mais personne n’a compris.

Un refuge depuis ses six ans : la danse. Un autre refuge d’adolescente : les excès. Alcool, drogues, fêtes, sexualité débridée, agressivité.

A trente ans, enfin, pleine de colère et de rage, elle ose aller voir la police et porter plainte. Procès. Il avoue… mais dit qu’elle était consentante. Et sa mère qui l’accuse de mentir ou minimise…

Toujours à trente ans, elle va voir un psy. Avec sa mère. Sa mère qui veut la soigner, l’exorciser de ce qu’elle pense ne venir que d’Odette. Pas pour le bonheur d’Odette, non. Pour se débarrasser de sa charge, de son agressivité envers elle, sa mère. Pour sa tranquillité à elle, sa mère.

Et durant la consultation, les souvenirs d’enfance ressurgissent : ses premiers cours de danse et sa prof – la soixantaine, ancienne danseuse qui anime un cours sans grand moyen mais avec conviction- ; cette prof qui encouragea sa vocation – elle est douée, très douée, disait-elle ; cette prof qui lui conseilla de concourir pour une école de danse ; cette prof, qui lui offrit, le jour de son dernier cours, le poster de son idôle, Roudolf Nouriev accroché depuis 15 ans sur le mur du cours de danse.

Et danser toujours danser, jusqu’à l’ivresse, pour oublier, danser pour intégrer un conservatoire, danser pour s’éloigner de ce Gilbert, et de l’atrocité : « les chatouilles ».

Puis les souvenirs du pensionnat du conservatoire où elle pensait enfin être enfin éloignée de Gilbert et où elle imaginait que Nouriev descendait de son poster pour venir lui faire la conversation.

Puis les souvenirs d’adulte, elle : danseuse, les castings, les tournées – d’un avion l’autre -, les fêtes – d’un excès l’autre -, ne pas rester seule la nuit – d’un « prénom » l’autre -. Vie trépidante dans laquelle elle s’épuise et cherche à oublier.

Odette raconte ainsi sa vie au psy, interrompue par les remarques désobligeantes de sa mère et par cette mise en abyme, elle cherche à se retrouver

Sur la scène, un fauteuil. Celui du psy. Et Andréa Bescond, magistrale entre danse et théâtre.

Elle incarne, pendant presque deux heures : mère, amis, professeurs – et même ce Gilbert. D’un geste, d’une voix ou d’une posture, elle nous pousse dans la peau de tous les protagonistes, drôles ou tragiques. Et par ce charisme, elle attire notre empathie, du rire aux larmes, délicatement et en évitant les écueils d’un tel sujet.

Le rire est ici le trait qui souligne l’horreur de cette sordide histoire dont Odette se débat à travers la danse. La danse de la colère et de la rage de revivre. La danse qui sauvera Odette.

On sort de la salle bouleversé par cette ode à la vie : à voir de toute urgence !

Ecrit le 5 avril 2016 dans les catégories À ne pas manquer !, Seul(e) en scène

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