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Le Bac 68 de et avec Philippe Caubère - ****


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mise en scène :

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horaires : jusqu'au 19 novembre 2016

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Plateau vide. Une chaise. Episode « Le bac 68 » de la vie de Ferdinand Faure. Philippe Caubère, auteur-interprète-metteur-en-scène, nous entraine avec un humour sans borne dans l’ambiance de la fin des années soixante : mai 68 et son passage du bac « à l’orale ».

Il incarne à lui seul tous les personnages, Claudine sa mère, Ferdinand son double de scène et le professeur qui l’interrogera pour son bac. Pieds nus, en costume de ville, avec pour seuls accessoires un châle à motifs écossais, une robe à carreau et un chapeau de marin, il donne vie à l’espace, aux personnages et aux situations.

Châle sur les épaules, sa mère Claudine, fantasque et délirante bourgeoise de province, fait la morale à son fils qu’elle trouve éveillé à 4h du matin, rêvant de devenir comédien, comme son idole Gérard Philippe et mangeant quantités de citron pour se blanchir les dents.

« Il n’y a pas si longtemps, tu voulais être chanteur comme Johny Ouliday, ou cycliste comme Louison Bobet ou écrivain comme Mauriac. Mais Mauriac, il a passé 18 ans de sa vie pour devenir écrivain…Faut savoir ce que tu veux. Et puis d’abord pour être comédien, il faut avoir son bac…Tu vois ton père lui il rêvait d’être comédien, oui, parfaitement, c’était sa passion…Eh bien, il s’est retenu, lui… »

Et puis, de digressions en digressions, Claudine nous porte dans le passé familial, la guerre et fait le portrait de mai 68, et des générations qui s’y côtoient.

« Ton grand-père ? Collabo ? Tout de suite les grands mots…C’est pas parce qu’il dirigeait trois hôtels en  vue pendant la guerre…Mais si, il a voulu résister…Il a attendu sur une plage à Dunkerque pendant trois jours…et puis comme la barque à De Gaulle est pas venue…ben, il a rejoint Pétain…bon… »

Ainsi, nous parle-t-elle des prêtres ouvriers des docks de Marseilles, de son mari patron d’une usine de conserves d’Olives, de sa jeunesse dans les caves de dancing, de l’avenir qu’elle envisage pour son fils, des hippies…

« Mais, oui, comment il s’appelait déjà…il est venu souvent déjeuner ici…Oui, il mort…Il est tombé de sa grue après sa journée de prêtre ouvrier de 72h…Mais oui, en enfilant sa chasuble sans la déboutonner…mais oui, on sait pas s’il s’est pris dans le chapelet ou quoi, mais il est tombé…trente mettre oui… »

Et toujours, en fond, le théatre et Ariane « Mouchkipiline » avec qui Caubère travailla pendant 10 ans et avec qui il appris l’improvisation.

« Et tu vois ton cousin Bonnot qu’est acteur chez Ariane Mouchpine, rah, Mouchkipiline, mais si tu sais celle qu’à une touffe, une tiff sur la touffe, rah, sacré paraphasie…une toque sur la tête…eh bien, il a son bac et même les deux comme c’était à l’époque…eh bien, elle leur fait passer le bac d’abord et puis elle leur fait faire des chantiers, déguisés en ouvrier, oui, parfaitement, avant de les faire jouer, ça les forme… »

Puis, sa mère tente d’aller soudoyer le professeur d’histoire de son fils, collectionneur de papillon et examinateur du bac… Et enfin, arrive le jour de l’examen, sa mère l’accompagne au lycée à Aix. Sujet « La sibérie »…Sujet sur lequel il ne sait rien…

« Et donc que pouvez-vous me dire de la sibérie ? …Il y a des reines… Mais encore ? Des iglou, une cinquantaine de ziglou ? Vous dites ziglou vous ? Oui, un ziglou… Mais combien précisément ? Sept… Ah, bon, sept maintenant… Cinquante-sept… Ah bon…Et puis tout en haut, il y a le goulache… »

D’un bout à l’autre des presque deux heures de ce spectacle, on rit aux éclats (à s’en faire mal aux côtes m’a dit une amie), on rit devant ce texte empli de drôlerie et de truculence. On rit devant les paroles parfois complètement incongrues qu’il insuffle à sa mère.

Un vrai rêve théatral dans lequel le temps est suspendu par le talent du fantastique Philippe Caubère !

Ecrit le 2 novembre 2016 dans les catégories À ne pas manquer !, Seul(e) en scène, Théâtre contemporain

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