novembre 16

La Panne - ****


de :

mise en scène :

lieu :

horaires : jusqu'au 19/12/2016, à 19h30

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Une table avec un verre de vin renversé, quelques papiers et une cravate dénouée au sol, un costume à queue de pie accroché forment le décor. Une violoncelliste entame une musique grave et angoissante…Un homme entre et commence le récit…

Alfredo Traps, représentant de commerce, tombe en panne dans une petite ville, où, à cause d’une foire au bétail, tous les hotels sont pleins. Cependant, on lui indique l’adresse d’un vieux monsieur qui pourra l’héberger sans problème. Il se rend à l’adresse dite et le vieux monsieur, juge à la retraite, 80 ans passés, voix fluette, accepte bien volontiers qu’il passe la nuit chez lui et l’invite même au diner qu’il organise avec quelques amis. Traps, après quelques hésitations, accepte l’invitation. L’heure du diner arrive et Traps découvre les invités du juge, tous 80 ans passés eux aussi : un grand sec, à monocle, ancien procureur ; un vieil homme essouflé, bedonnant, aux poches remplies de papiers, ancien avocat ; et enfin un troisième, respirant la joie et la bonhommie. Après un porto délicieux, le vieux juge explique à Traps que tous les soirs, lui et ses amis jouent à reconstituer des procès, imaginaires ou réels, et que si ça ne le dérange pas, il peut jouer le rôle vacant : celui du coupable. Grisés par le porto et l’idée du jeu, Traps accepte. Les mets et les vins fins se succèdent et l’interrogatoire commence…

Oliver Broda est simplement prodigieux. Il incarne les cinq personnages et le narrateur, volant de l’un vers l’autre par des changements d’expression (du visage), de posture, de voix, d’intonation et d’attitude, tel un transformiste. Et l’on est tout de suite pris dans l’histoire, histoire d’un jeu, d’un jeu de piste, car tout innocent que Traps se croit, il a forcément quelque chose à cacher…

Quant à Dominique Brunier, à la fois servante du vieux juge et violoncelliste, elle rehausse la tension dramatique par une ambiance sonore évoquant l’inquiétude et la menace au fil du récit. Bien plus encore, elle ajoute un comique sonore – entre le bruitage de film muet et de dessin animé : elle illustre, par de subtils coups d’archer, les réactions de certains personnages (notamment dans les scènes d’euphorie où les personnages valsent comme les sceaux dans Fantasia). Et ces vieux magistrats deviennent grinçants et tranchants comme leurs questions…

Une adaptation hautement réussie, une synesthésie totale, un vrai moment de théâtre !

Ecrit le 16 novembre 2016 dans les catégories À ne pas manquer !, Adaptations, Seul(e) en scène, Théâtre contemporain

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