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Cyrano de Bergerac - ****


Cyrano est mousquetaire aux cadets de Gascogne, il a le verbe aussi haut que son nez est grand, se bat aussi bien qu’il compose des vers : toujours avec brio, panache et truculence.

Christian est un noble fraichement incorporé aux cadets de Gascogne, il est aussi beau qu’il est sot et Roxane, cousine de Cyrano en est amoureuse.

Et lorsque que cette dernière demande à Cyrano de prendre Christian sous son aile et que celui-ci avoue être incapable de garder l’amour de Roxane, Cyrano va proposer de créer l’amant parfait en se faisant son parolier…

Dans la salle commune d’un hôpital psychiatrique, trônent des tables métalliques, des chaises, un jukebox, un lavabo. Au milieu et au bord de la scène, le crâne chauve et entouré de bandelettes de Cyrano dépasse d’un fauteuil retourné. Entre Roxane qui lui enlève son bandage. Puis entrent un à un, tous les pensionnaires. Tous se mettent à discuter et à présenter les personnages en attendant la représentation de la Clorise. Quand Montfleuri, affublé d’un costume grotesque, entre pour réciter son texte, Cyrano se réveille pour le chasser, le trouvant trop médiocre pour déclamer un texte…

Loin de dénaturer la pièce (comme sont capables de le faire certaines mises en scène modernes : celle du Hamlet de Dan Jemmet pour ne pas la citer), cette mise en scène en milieu psychiatrique signée Dominique Pitoiset apporte de la fraîcheur au texte. Car après tout, ne serait-ce pas là une interprétation possible : Cyrano n’est-il vraiment pas fou, fou d’amour pour Roxane, fou de bravoure, fou d’excentricité, fou d’éloquence et fou de désespoir ? Et si quelques répliques ont été ajoutées pour faire de de Guiche, un général siphonné et loufoque, et que quelques autres ont été supprimées (dont celle de l’ascension vers la Lune), rien ne jure – pas même la musique qui sort du Jukebox à bon escient avec Queen, Pink Floyd, ou encore « Je m’en vais à travers la pleine » de Bashung pour la scène finale -, rien ne jure disais-je, – pas même le manque d’épées, objets ou autres décors, car on imagine aisément cette troupe de fous « jouer à Cyrano » -, rien ne jure dans cette mise en scène de ce texte si beau, drôle et poétique.

Ecrit le 20 février 2016 dans les catégories À ne pas manquer !, Théâtre classique

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