Las de vivre de la soupe populaire et ayant perdu toute foi en l’homme et en lui-même, un jeune chômeur allemand s’engage dans l’armée. Très vite, il prend goût à cette nouvelle vie militaire qui l’éloigne de sa solitude et lui donne le sentiment d’exister et d’être utile. Fort de ses succès au tir qui lui valent des étoiles militaires, il reprend vite confiance en lui et se sent fier de porter l’uniforme et d’être ainsi intégré dans la masse de la Nation.

Et lorsque son pays décide, sans aucune raison, d’envahir un pays voisin, il n’y voit que routine militaire…jusqu’au jour où, blessé et remplit de haine, il se voit contraint à revenir à la vie civile et à l’inactivité…

Portée par quatre comédiens-musiciens de talent, prêtant – alternativement ou en choral – la parole au narrateur, la mise en scène sobre, foraine et poétique de Jean Bellorini, met l’accent sur la misère et l’isolement qui conduisent à la montée du nationalisme ainsi que sur la complexité de l’homme toujours entre deux paradoxes.

Ecrite en 1937 par Horváth – un an avant sa mort tragique sur les Champs Elysées – lors de son exil hors d’une Allemagne en plein nazisme, cette pièce est d’une actualité brulante : elle nous interroge sur les actes et les choix de l’Homme guidé par sa haine, sa mise au ban de la société, le désespoir, le manque d’amour, son aveuglement ou les idéologies… même s’il en prend parfois conscience, c’est bien souvent irréversible…