Sur la scène des objets et meubles sont éparpillés comme des instantanés des souvenirs de toute une vie.

Cette vie, c’est celle d’Alice Prin, dite Kiki de Montparnasse, égérie, modèle et amante de quelques-uns des plus grands peintres et artistes fréquentant le quartier de Montparnasse de l’après-guerre 14 : vie de bohème heureuse mais aussi vie de malheurs et d’excès qui la mèneront, ayant pris du poids, à devenir chanteuse et directrice de cabaret à défaut de ne plus pouvoir poser pour les peintres.

Elle entre en peignoir, après une séance de pose, et renfile ses bas, puis commence à nous raconter ses souvenirs : ses débuts difficiles de laveuse de bouteilles chez Félix Potin puis de modèle, posant nue pour se nourrir et se faisant chasser de chez elle par sa mère outrée ; ses pérégrinations nocturnes au bar de la Rotonde (l’accès au restaurant lui étant interdit faute de porter un chapeau) ; les peintres de Montparnasse tels Modigliani, Fujita ou Utrillo qui payaient leurs repas et consommations en donnant des toiles ou en peignant sur les murs ; sa rencontre avec Man Ray qui la photographiera « nue de dos avec des ouïes de violon » et qui deviendra son amant ; ses amis artistes de Breton à Kisting en passant par Eluard, Aragon ou Picabia ; et puis son amant Broca dont la folie l’entraînera vers l’alcoolisme, la dépression et la drogue…

Elisa Wagner, accompagnée de deux musiciens, nous livre un portrait – tiré du livre de mémoires de Kiki paru 65 ans après sa mort -, portrait plein d’émotions, d’anecdotes, de sensibilité et de gouaille de cette figure du Paris du début du siècle dernier. Une plongée dans un panthéon d’artistes en devenir et au doux parfum des Années Folles, de chansons réalistes et de vieilles photos noir et blanc !